Saison 2

« On lui reprochait d’être martiniquaise, de parler un créole que personne ne comprenait, se relever étrangement sa grande robe sur son jupon »

Maryse Condé, Les derniers rois mages, 1992, page 77

#1 Le devoir de transmission

Nous sommes ankylosés par des siècles de souffrances non-verbalisées, de souffrances si inhumaines que les mots pour les décrire sont inexistants. Nous en tant que descendants d’esclaves mais également en tant de travailleurs engagés, isolés, malmenés par l’administration coloniale. Nous avons alors construit des sociétés entières sur l’attente que nos ancêtres pansent leurs plaies grâce au pouvoir des mots « libertés », Or, ce n’était pas assez. Pour vivre mais surtout survivre dans cette société post-esclavagiste, nos ancêtres ont développé des moyens de défenses permettant d’être résilients. Ils n’ont pas oublié, ils ont essayé de donner du sens à leur réalité. […]

Alors, pour panser nos plaies, nous avons continué de narrer, de nous narrer, cette fois, cette fois, de personnages fictifs dont les traits physiques inhumains ou encore spectrales ne permettraient de nous voir et de nous reconnaitre dans les histoires traumatisantes qu’ils vivent. Ainsi, nous sommes racontés au travers de compère Lapin, du soucougnan, de la diablesse ou encore du succube. Nous avons pu extériorisé nos souffrances, en les dissociant de nous, en créant des personnages fantasques et fantasmagoriques qui auraient la capacité et la force de porter nos expériences. « Ce faisant, les récits circulent à l’échelle de la communauté, ce qui permet l’expression d’histoires qui dépassent l’individu à proprement parler et sont celles de sa famille et de sa communauté. »

Extrait de l’article Les esprits : allégories de nos traumatismes

Nous ne connaitrons jamais mes ancêtres.

Épisode 1

“La culture du mystique, un patrimoine mémoriel” 

Épisode 2

“La narration un outils de transmission”


#2 Décoloniser l’identité, une éloge à la créolisation

Le phénotype, la couleur de peau, la race ne sont pas une carte identitaire.

Au sein d’un peuple aussi jeune que celui qui compose la Guadeloupe, la Martinique ou encore la Réunion, la question de l’identité semble être une notion complexe. Si le système esclavagiste avait réglé la chose en attribuant une identité au seul colon, la deuxième abolition de l’esclavage en 1848 ainsi que la départementalisation en 1946 ont rendu caduc la définition de l’identité.  Plus encore, les mouvements anticoloniaux et indépendantistes présents sur les départements et territoires des Outre-Mer revendiquent leur propre identité en opposition directe avec l’identité française qui leur a été apposée.

Une revendication bien difficile face aux ramifications d’un système coloniale-esclavagiste et coloriste toujours bien en place. L’autodétermination des départements et des territoires Outre-mer devra poser la question : La couleur de peau définit-elle le degré d’appartenance et identitaire d’un individu à la société à laquelle iel se rattache ?

Mayotte Capécia

       Négresse blanche       

Ma recommandation lecture pour cette thématique


Épisode 3

“La couleur de peau est-elle une carte identitaire ?”

#4 Nous devons parler de notre diaspora

Qui sommes-nous en dehors de mon territoire ?

Depuis le milieu des années 60, nous assistons à l’exode de la jeunesse des Outre-Mer vers la France métropolitaine et ce pour plusieurs raisons : économique, académique et récemment écologique. Ce départ parfois difficile, parfois contraint, parfois accepté impose à cette jeunesse de s’adapter et de se construire loin de son territoires d’origine et de sa communauté.

Face à la culture et l’identité française, les identités insulaires sont en conflit pour subsister sur le territoire français métropolitain. La diaspora constitue un refuge en prodiguant à beaucoup les moyens de défense face à ce conflit. Si la diaspora est essentielle en dehors des îles, sa légitimité à s’identifier des îles est souvent remise en question par la populations restée sur ces dits territoires.  Alors se pose la question : qui sommes-nous en dehors de mon territoire ?

Pour esquisser de début de réponse, il était important de discuter de la diaspora, du sens de la communauté et de la construction de l’identité insulaire loin des territoires ultramarins. Nous n’avons, à l’heure actuelle dans ce qui constitue les luttes décoloniales, aucun intérêt à ignorer ou/et exclure ses voix qui sont celles de nos compatriotes. Nous devons parler de notre diaspora et nous devons parler avec elle. 

Je vous invite à lire ou à relire l’interview sur le BUMIDOM à retrouver ici.

Épisode 5

Qui sont les enfants né·es du BUMIDOM ?

Épisode 4

Que fait l’adoption à l’identité ?

#5 Devons-nous protéger la langue créole ?

Une ode à l’amour, voici comment je perçois l’interview qui va suivre sur le créole guadeloupéen. Par honte de faire des fautes ou par embarras de ne pas avoir l’accent, je n’ai pas osé parler ma langue maternelle pendant bien longtemps. Pourtant, je suis fière d’être l’héritière directe d’une langue symbole de la résilience et de la solidarité de mes ancêtres

Je te parlerais, je te transmettrais, je t’aimerais.

La langue se perd si elle n’est pas parlée, la langue se perd si elle n’est pas transmise, la langue se perd si elle n’est pas aimée. Alors, je te parlerais, je te transmettrais, je t’aimerais

La langue n'est plus la mémoire d'aucun être. Les langues sont nos paysages, que la poussée du jour change en nous.”

Edouard Glissant

Traité du tout-monde

Épisode 6

“La langue créole c’est l’amour”


#6 L’a métamorphose

L’histoire d’une société créole

Si je dois expliquer l'identité selon moi, ce serait un ensemble d'informations permettant de reconnaître et de différencier un individu. Cette notion est symbolisée par le célèbre « qui suis-je ? ». Et elle n'a jamais été aussi sollicitée qu’à notre époque alors que justement on est vraiment tous dans cette quête d'identité de savoir qui l’on est, de connaître aussi nos origines. […] Pour définir enfin une identité, il faut préciser qu’il s'agit d'un processus et non d’un état, c'est-à-dire que l’on intègre de l'ancien dans de l'existant, de l’ancien dans du nouveau. Pour certaines personnes ce ne sera pas forcément aisées de travailler sur cette question d'identité parce qu'il peut y avoir aussi des chocs. Accepter du nouveau peut être très destructeur pour une personne.

Extrait de l’interview Nos identités insulaires existent !

Épisode 7

“Nos identités insulaires existent !”

Je me demande, qu'est-ce que l'identité antillaise ? Est-ce que je prends toutes les personnes qui vivent, par exemple en parlant de la Guadeloupe, en Guadeloupe ? Est-ce que je prends aussi les personnes qui vivent à l'étranger et qui ont des parents né·es en Guadeloupe ? Est-ce que je prends les personnes qui n'ont jamais grandis en Guadeloupe ou qui n’ont jamais côtoyé la culture ? Est-ce que je prends toutes les personnes qui ne sentent pas, puisque j’en ai déjà rencontré, antillaises ? Est-ce que je dois définir ces personnes-là comme étant antillais ? Est-ce que les béké·es sont antillais·es ? En me posant toutes ces questions, j’essaye aussi de savoir si être antillais c'est contribuer à l'aspiration de son peuple ou contribuer à construire une société ?

Extrait de l’interview Écrire en hommage aux peuples créoles

Épisode 8

“Écrire en hommage aux peuples créoles”

Fin de la deuxième saison podcast