Le Bumidom : Un exil programmé

 
Exil : 
  1. Situation de quelqu'un qui est expulsé ou obligé de vivre hors de sa patrie ; lieu où cette personne réside à l'étranger.
  2. Situation de quelqu'un qui est obligé de vivre ailleurs que là où il est habituellement, où il aime vivre ; ce lieu où il se sent étranger, mis à l'écart.
  3. En astrologie, situation d'un astre qui se trouve dans le signe du zodiaque opposé à son domicile (lieu d'exil).

©Larousse

 

Avant-propos : Le dernier interview de la première saison du podcast interroge l’histoire moderne de la migration des populations des Outre-mer vers la France métropolitaine au travers du BUMIDOM.

 

Mélissa : Nous retournons dans le temps. Dans ses anciennes colonies françaises devenues départements. Nous sommes au 20e siècle, les mouvements indépendantistes grondent, la départementalisation est votée et les politiques migratoires mènent aux déplacements stratégiques de toute une jeunesse domienne. Et dans cet exil programmé, nous replaçons la place des femmes.

Solène : Et on va replacer la place des femmes de façon plus précise au travers de l’histoire du BUMIDOM. Il s’agit de l'une des politiques migratoires qui a été mise en place par le gouvernement français.

Qu'est-ce que le BUMIDOM ? C'est un organisme qui a été créé par un certain Michel Debré qui était le Premier ministre, et le député de la Réunion. Son idée était donc de faire venir les ultramarins c’est-à-dire de la Réunion, de la Martinique, de la Guadeloupe et de la Guyane vers l'Hexagone. En 1963, le BUMIDOM, le Bureau des migrations des départements d'Outre-mer voit le jour. Le BUMIDON, de façon objective, l’idée est de faire partir les jeunes. Il cible majoritairement les jeunes sans diplôme ou très peu diplômé·e·s de la classe ouvrière. En tout cas, ça, c'est l'opinion de Mélissa et moi, c'est un organisme qui repose sur une propagande et sur de belles promesses. Je pense que l’on en a tous entendu parler du bel avenir dans l'Hexagone. On fait donc venir ces jeunes, en leur promettant une formation et un emploi, surtout un emploi stable. Il faut savoir qu'en Guadeloupe, à ce moment-là, le chômage devient endémique. L'industrie sucrière est en plein déclin. C'est une manière de légaliser un exil qui, on va y revenir un peu plus tard, a lieu depuis des décennies avant 1960. C’est ce qu’est le BUMIDOM. On entend très peu parler... Enfin, oui, de plus en plus tout de même.

M : Oui, tout de même. Il y a un boom sur cette histoire, en tout cas sur cette organisation qui va de pair avec les enfants de de la Creuse et la stérilisation forcée des femmes réunionnaises. C'est vrai que le BUMIDOM prend sa place dans toute cette atmosphère politique ultramarine et domienne puisqu’il y a cette idée, d'ailleurs, qui est présente depuis très longtemps, que les domien·ne·s vont finalement remplacer les Français et qu'illes commencent à être beaucoup trop nombreux sur ces petits territoires. Avant même que le gouvernement et que les politiques s'intéressent à comment réduire cette population qui devient trop nombreuse et dans ce cas-là trop problématique.

S : Et aussi trop éduquée.

M : Oui, tout à fait. Dans un premier temps, c’est l'armée qui commence à recruter ces jeunes et a vidé les îles de sa jeunesse. C’était notamment le cas en Nouvelle Calédonie, beaucoup en Nouvelle Calédonie. Beaucoup également en Guyane où l'armée représentait le premier recruteur, ce qui n'est pas non plus différent d'aujourd'hui. Le premier recruteur en Guadeloupe, par exemple, c'est tout de même l'armée. C'est quelque chose qu'on a pu lire dans L’émigration travailleuse guadeloupéenne en France, Rapport du XIIIe Congrès national de l’Association générale des étudiants guadeloupéens, un ouvrage à retrouver dans notre bibliothèque si ce n'est pas déjà fait, qui explique que c’est l’un des premiers canaux de l'immigration par le plan de Némo. Petit récapitulatif : Le général Némo était commandant de la région des Antilles-Guyane et c'est lui qui fait la proposition au gouvernement français d'un plan pour et je cite, puisqu'il a affirmé que : « Le problème fondamental des départements français d'Amérique est celui du surpeuplement en Martinique Guadeloupe […] ». Pour le général Némo, il fallait dépeupler ces territoires. Les idées que ces personnes commençaient à avoir et rappelons-le, nous sommes au temps des mouvements indépendantistes, que ce soit en Afrique ou dans d'autres îles. Le mouvement indépendantiste fait rage partout, dans toutes les anciennes colonies et la France n'a certainement aucun intérêt politique tant économique de nous laisser partir.

S : N'est-ce pas ? Pour comprendre le BUMIDOM et comprendre pourquoi c'est une tragédie à plusieurs niveaux c’est-à-dire non seulement pour nous mais également au niveau national et mondial. Les années soixante sont l'heure de la décolonisation. On l'a appris dans nos livres d'histoire. On parle d'Algérie et comme tu l'as dit d’Afrique. Le problème étant que le système de la France, depuis toujours, le système capitaliste de la France se base sur une main d'œuvre pas et peu chère. Une fois qu'illes ont fait leur beau discours pour l'Algérie, illes se sont tout de même rendu compte qu'illes ont toujours besoin d'un puits de main d'œuvre pas et peu chère. Illes ne pouvaient plus maintenant demander aux pays d'Afrique et ne pouvaient plus leur voler leur jeunesse comme illes le faisaient avant. Il fallait le faire ailleurs. Illes ne pouvaient pas épuiser tous les puits, alors c'est pour ça que Monsieur le général Nemo à... Moi, je pense que c'est une excuse cette histoire que nos îles soient surpeuplées.

C'est dans cette optique que le BUMIDOM arrive en même que tout un tas de mouvements nationalistes comme le G.O.N.G. et mouvements indépendantistes. La jeunesse se révolte dans les années 60 et il y a une rupture sociale qui est due, et ça peut paraître banale comme ça, à l'apparition de la radio. La démocratisation de la radio fait que l’on savait ce qui se passe ailleurs et ça nourrissait tous ces mouvements et toute cette propagande.

M : Les jeunes rêvent d’indépendance. Ce ne sont pas que les jeunes aux Antilles qui se mobilisent mais également la jeunesse présente en métropole. Elle produit beaucoup de rapports qui parlent d'indépendance et de décolonisation. C'est vrai qu'il y a tout un mouvement de la jeunesse. Bien évidemment, s'il y a beaucoup trop de personnes et que l'industrie sucrière collapse c’est-à-dire ce sur quoi était basée l'économie, la canne à sucre et la plantation, on était toujours dans un système de plantation et nous le sommes toujours. C'est vrai qu’il fallait économiquement permettre à ces guadeloupéen·ne·s, à ces guyanais·e·s, martiniquais·e·s, réunionais·e·s, et la liste continue, de pouvoir survivre. La survivance était de partir en France.

S : De quitter. C'est sur ça que c'est basé la propagande du BUMIDOM : c'est un bel avenir dans l'Hexagone, comme je l’ai dit, un emploi et cetera mais la réalité était toute autre. Pour mieux introduire notre point, on va graviter autour du BUMIDOM. Ce sera le socle cet épisode et nous ferons au fur et à mesure des connexions avec le passé du BUMIDOM et de l’après-BUMIDOM pour parler de tout ce qui est politique migratoire. La réalité du BUMIDOM était précarité, discrimination, racisme, emploi...

M : Emplois rationalisés et nationalisés.

S : Exactement. Ainsi que l’isolément. C'était un désastre. Moi, je pense que c'était une surprise seulement pour nous mais je pense que ça a été fait pour être désastreux, à ce point désastreux. Ce que j'ai trouvé intéressant au travers de mes recherches c'est qu’il y a eu des révoltes. En 68 les locaux du BUMIDOM, à Paris, ont été saccagés et illes ont marqués sur les murs : « À bas l’impérialisme français et ses valets ! Vive les Antilles libres! »

M : Ce n’est pas vrai ?!

S : Oui ! Ça s’est passé en 68 pas si longtemps après la création de l’organisme en 63. Puis en 68, il y avait déjà : « À bas 'impérialisme français et ses valets ! Vive les Antilles libres ». Il y avait déjà cette conscience d'impérialisme, et cetera.

M : Le BUMIDOM était un instrument gouvernemental.

S : Oui ! Illes ont vu très vite et très clairement que c'était un exil forcé, que c'était un vol et que c'était juste des mensonges du BUMIDOM depuis très longtemps. Moi, j'ai adoré cette petite citation. Je pense que je vais le mettre sur un autre mur tu vois !

M : Lorsque l’on parle très souvent du BUMIDOM, on oublie que la création de cette association de cette organisation gouvernementale est finalement la légalisation d’un concept qui était déjà présent. C'était par exemple ce que j'ai pu découvrir et que je ne savais pas. Comme souvent, lorsque la parole ne circule pas, l’histoire n’est pas apprise.

S : Ne peut pas se transmettre.

M : Exactement. Je l'ai découvert en lisant le livre de Françoise Ega. Elle a écrit Lettre à une femme noire qui est considéré comme un livre autobiographique. Et ce que je ne savais pas, c’est que : Françoise Ega est une Martiniquaise arrivée dans les années 45 à Marseille après la seconde Guerre mondiale. Avec son mari, infirmier militaire. Illes arrivent à Marseille et vivent une vie que je dirais sereine et assez stable. Elle voit très vite que toutes ses compatriotes qui arrivent de plus en plus ou en tout cas qui étaient déjà présentes en France, ont l'optique de n'avoir qu'une profession. Je devais plutôt dire qu’on les a mis dans cette optique. On les a mis dans cette voie. Et pourquoi je dis ça ? Je vais devoir citer Françoise Ega directement. J'ai trouvé ça assez poignant. Elle dit, je cite : « En effet, il y a beaucoup de filles que l'on fait venir à Marseille. Elle laisse les îles pour une destinée meilleure, je les vois et c'est toujours la même chose. Elles sont achetées presque pour un certain temps. Ces dames font comme toute leur compagne aisée, elles ont une bonne antillaise, plus souple, plus isolé que la bonne espagnole d'antan. Il y a quelques-unes qui tirent de bons billets à cette loterie. Elle tombe sur des gens pleins de dignité et d'humanité. Il y en a d'autres, ce sont les plus nombreuses qui ploient sous le joug. ». Franchement lorsque j’ai lu toute son œuvre puisque je me suis renseignée sur le personnage de Françoise Ega. C'est une femme activiste qui fait partie des fondatrices de l'association Antillo-guyanaise en France. Et qui pour comprendre ce que vivaient ses compatriotes antillaises, ultramarines, domiennes, s'est dit je vais être bonne et je vais voir qu'est-ce qu'elles vivent.

S : D’accord. Ça c’était avant ou après le BUMIDOM ?

M : Ça, c'était avant. On est dans les années 20 lorsque les îles commencent à être les destinations de vacances des familles bourgeoises aisées, des familles blanches. Illes arrivent aux Antilles, dans ces territoires qui étaient à ce moment-là toujours les colonies françaises et avaient à leur disposition des employé·e·s de maison : la blanchisseuse, la bonne à-tout-faire ou encore la cuisinière.

S : Il faut se souvenir de ça pour se rendre compte que le BUMIDOM n'est que la continuité de quelque chose qui existait. On parle souvent du BUMIDOM comme étant quelque chose d'unique et ayant commencé simplement en 63, comme si Michel Debré a juste eu cette idée-là comme ça. C'était malheureusement un flux migratoire qui était déjà présent.

M : Pour citer de nouveau Françoise Ega :  « Depuis que Martine Carole a ramené des Antilles une créole pour cuisiner chez elle, les dames de tout calibre se sont mises à la page. Elles payent le voyage aux filles qui veulent voir du pays et hop, mulâtresse, chabine, négresse et câpresse laissent l’île et attrape l'aspirateur au vol pour commencer à se faire les pieds en arrivant. » La violence de ses mots !

S : Elle dépeint une réalité...

M : C'est sa réalité, elle l'a vu. Elle le voit.

S : Prendre l'aspirateur au vol... Eh !

M : Pourquoi je dis que le BUMIDOM a été bien légalisé et bien nationalisé c’est qu’il faut tout de même se rendre que ces dames blanches bourgeoises qui faisaient venir par bateau leur future bonne à-tout-faire achetaient le billet de bateau. Pour que ces femmes, ces bonnes puissent, par la suite, retrouver leur liberté, littéralement, il fallait qu'elles rachètent le prix qu'avait pu coûter leur voyage jusqu'en France. Remettons les choses en contexte, on parle tout de même d'une population pauvre. La précarité fait ravage. À quel moment des femmes venues, isolées de leur famille, de leurs compatriotes et rendues en servitude puisque la plupart du temps elles habitent chez leur employeur·euse. La proximité avec les employeurs·euses, le fait d’être loin, de ne pas avoir, entre guillemets, cette éducation pour finalement se révolter et trouver les arguments nécessaires pour expliquer que : « Ce que je ressens c’est de l'oppression et de la discrimination. ». C'est une nouvelle servitude. Françoise Ega le dit à plusieurs reprises dans ce livre ou en tout cas, peut-être pas de façon explicite, mais nous le fait bien comprendre, on est dans l'esclavage moderne. On est dans la servitude moderne. Ma question, c'est à quel moment ces femmes arrivaient véritablement à racheter un billet de bateau qui pouvait peut-être signifier trois ans de salaire ?

S : Bien sûr ! Totalement ! On s'entend qu'elles sont payées... Bon voilà, elles ne sont pas payées nécessairement...Elles ne sont pas bien payées tout simplement. J'essaye de déguiser ça d'une manière mais elles sont tout simplement très mal payées.

M : Plus elle continue, plus je me dis : « Waouh ! Putain ! ».  Est-ce que ne serait-ce qu'un seul moment notre jeunesse, la vitalité de notre essence présence n'a jamais été respectée ! Toutes les belles paroles sur la fin de l’esclavage pour maintenir la colonisation. Tout cette institution esclavagiste est légalement bannie mais on est encore dans ce genre de propos.

S : Ce sont les mêmes discours avec un vocabulaire différent. Alors à la fin de l’esclavage comme tu dis : « Hop ! Hop ! C’est joli. ». Après on a eu ça pendant la décolonisation « Venez en France » mais c’est retourner sur la plantation sauf que l’on prend le bateau pour retourner pour aller vivre chez le maître.  Le maître a fui. Il a cru qu'on allait lui trancher la gorge même si, c’est vrai, on a tranché la gorge de certain·e·s.…enfin bref.

M : Pour la première abolition surtout.

S : Oui. Tu te rends compte que l’on parle de première et de deuxième abolition. Bref, c'est un autre sujet ! C'est intéressant de voir que c'est juste le même schéma qui se répète. Le schéma de la plantation, du colon, du·de la colonisé·e et de nos corps. Le BUMIDOM repose sur de belles paroles et une belle propagande. C'est quelque chose que nous-mêmes on a tous entendu. « Allez en France, ici il n’y a pas d'avenir. ». Ce sont les mêmes choses qui se répètent depuis l'abolition. C’est-à-dire qu'illes nous ont amené ici et ont dit : « OK, voilà ce qu'il y a à faire. C’est défraichir et couper cannes et cetera, et cetera. ». Après, illes ont dit : « Ah ! À partir de maintenant, il n’y a plus rien à faire. Maintenant que vous êtes des colonies, il n’y a pas grand-chose à faire à part le sucre. ». Puis illes ont dit : « Maintenant vous êtes des départements, il n’y a pas grand-chose à faire, à part toujours le sucre et les emplois de services à la limite puisque qu’il commence à avoir élection et cetera. ». Après la départementalisation, dans les années 60 illes disent de nouveau qu’il n’y a pas grand-chose à faire. Il n’y a jamais rien à faire ! Ce sont toujours les mêmes arguments qu’illes nous donnent. Maintenant la deuxième transformation du BUMIDOM qui est LADOM (l’Agence de l'outre-mer pour la mobilité). C'est toujours la même chose. Moi, comme je te l’ai dit ça m’avait choqué ! J'extrapole. On va revenir au sujet mais ça m'avait choqué de voir une publicité de LADOM comme ça.

M : Dans le rapport du treizième Congrès national de l'Association générale des étudiants de guadeloupéen, un rapport de 78, illes disent comme tu dis maintenant. On retrouve toujours les mêmes systèmes et la même propagande. Eux, en 78 illes sont étudiants. Mettons, dans les années 50, on te dit et on te fait comprendre depuis le banc de l'école que tu dois partir parce qu’il n’y a rien en Guadeloupe. Il n’y a rien à faire. Et replaçons les femmes dans ce débat.  On sait que les hommes étaient recrutés par l'armée. Illes devaient sûrement nettoyer les salles. On sait également qu’illes étaient toujours en première ligne de mire.  Pour la première et pour la seconde guerre de mondiale. Pour revenir à mon propos, on nous apprend depuis que l’on est enfant et que ce soit au début du vingtième, que ce soit dans les années 50, que ce soit dans les années 68 et que ce soit aujourd’hui.  On doit partir. On fait tous·tes nos choix universitaires pour la France. À partir du collège, on sait où on veut aller.

S : Alors c'est vrai qu’on le dit comme ça pourtant il faut comprendre que ça fait partie d'une politique migratoire qui est beaucoup plus vielle que nous et qui est beaucoup plus vieille que nos grands-parents et que nos grands grands-parents. C’est un exil programmé et forcé qui a pour optique de dépeupler. Je ne sais pas si on avait déjà employé ce terme-là. En tout cas de voler la jeunesse, de voler une population pour nous dresser. Le terme est mauvais, le terme est moche.

M : Après tout le plan Némo était fait pour ça. Je veux dire, illes ont-illes beau eu à répéter que c’était pour des raisons économiques, c'était pour des raisons démographiques...

S : Est-ce que l’on précise un peu plus qui était touché par le BUMIDOM ? En termes d'âge pour donner une idée, c'était des jeunes entre dix-sept ans et trente-cinq ans. Je pense que le BUMIDOM recherchait des jeunes entre 17 and et 20 ans voir plus jeune puisqu’illes prenaient des jeunes qui sortaient du collège et lycée. C'était plutôt des populations ouvrières. Des gens qui n'avaient pas nécessairement de diplôme et qui n'avaient pas nécessairement d'attachement ou de famille en hexagone, on s'entend.  Voir les choses comme ça, quel bien ça peut faire à quiconque d'arracher des jeunes de 17, 18 ? Et puis moi, je pense que c'est même plus jeune. Il me semble que Ma Doulè (membre de l’Union des femmes guadeloupéennes) nous avait parlé de gens qui étaient plus jeunes que ça. Je ne sais pas si c’est ma Doulè ou ma grand-mère. Je sais que j'ai eu cette information de quelqu'un·e. C’était des gens beaucoup plus jeunes. Donc quel bien ça peut faire à quiconque d'arracher et encore une fois, de kidnapper des enfants, quoi. C’est toujours le même système. Le système d'esclavage ce n’était pas des hommes et des femmes, c'était des enfants qui étaient arraché·e·s des côtes de je-ne-sais-quel pays africain pour venir ici. En 1960 et même 1920 puisque l’on a vu les femmes européennes bien choisir à la carte leur bonne et c'était des enfants. Ce n’était pas des femmes établies. Le BUMIDOM renforçait encore cette tradition française, cette tradition européenne.

M : Tout à fait.

S : De voler, de kidnapper des enfants. Par exemple : Les enfants de la Creuse. C'est quelque chose d’assez connu. Il n’y a pas de noms pour nous mais les enfants de la Guadeloupe, la Martinique et de la Guyane qui ont été aussi volé·e·s. Et ça encore, c'est une stratégie migratoire. Pourquoi ? On fait peur j'imagine, pour plusieurs raisons.

M : Tu sais, on entend très souvent avec Michel Houellebecq et tous ces racistes pompeux qui polluent...dont les médias raffolent. J'allais dire qu'illes polluent les médias, mais ce sont les médias qui les invitent. Les médias souhaitent cette pollution, bref. Il parle très souvent du grand remplacement du fait des populations arabes, des religieux, et cetera. Il faut tout de même savoir que la politique du grand remplacement est quelque chose qui a d'abord touché toute l'immigration, que ce soit les l'immigration espagnole, la migration italienne et cetera. C’est vrai que ça nous a touché également et qu’il y avait dans les rues de façon tout à fait décomplexé puisque l’on est au moment où encore les noir·e·s n'ont pas de sentiments... Les noir·e·s, les racisé·e·s tout simplement.

S : Est-ce que l’on est humain·e même ? Sommes-nous humaines toi et moi ?

M : Il existait déjà cette politique, la politique du remplacement. Les politicien·ne·s n'avaient aucune honte ! D'ailleurs, j'ai une citation extrait de L’émigration travailleuse guadeloupéenne en France, Rapport du XIIIe Congrès national de l’Association générale des étudiants guadeloupéens, si vous le voulez de Monsieur Marcelin Armal, candidat aux dernières législatives du Rassemblement des usagers des contribuables dans le 13e arrondissement de Paris qui déclarait, je cite : « Citoyennes ! Citoyens ! La France est en péril, la famille française est menacée de génocides ; si notre civilisation est appelée à disparaître ; notre culture est menacée de destruction : notre religion finira par succomber sous la poussée de l’Islam. Françaises, français, nous sommes des condamnés en sursis ! Nous n’aurions pas quinze cent mille chômeurs sur les brais si la majorité sortante n’avait pas attiré six millions d’immigrés sur le sol de la mère patrie. ». Oui, parce que, après tout, illes nous ont attiré.

S : N’est-ce-pas ?

M : On est déjà au moment où dans les années 60 et 70, le grand remplacement toucherait la population. On ferait même partie des remplaçant·e·s.

S : C'est tellement intéressant de voir que de notre côté de l'Atlantique : « Il n’ y a rien à faire. Venez chez nous, il n’y a rien à faire chez vous. Venez chez nous ! Venez, on vous paye le billet ! Venez, on vous donne une formation ! On va vous loger ! On va prendre soin de vous ! ». Mais de leur côté c'est : « Attention, illes arrivent. ». Tu vois à point ce système est une machine et une propagande. Ce sont eux-mêmes qui créent des problématiques. De leur côté de l’Atlantique c’est : « Ayez peur ! On va être remplacé·e ! Notre culture est en péril ! On nous envahit ! ». Nous on n’a pas demandé à être là. C'est toi qui viens chez nous, et ça c'est partout. C'est toi qui viens chez nous, qui nous donne les papiers, les pamphlets, les trucs d'inscription pour que l’on vienne chez toi. Pour parler en termes de chiffres, alors j'en ai plusieurs. Les chiffres du BUMIDOM pour revenir-là au début des années 80 et je vais aller de façon un peu rétroactive. Au début des années 80 donc ce serait plus de deux-cent-soixante milles domien·ne·s. En disant domien·ne·s, je parle de la Réunion, de la Martinique, de la Guadeloupe qui auraient émigré.

M : Tous les départements d’outre-mer.

S : Il faut faire attention avec tous les chiffres parce qu’il y a des gens qui sont parti·e·s... Comment dire ?  Illes ont succombé à la propagande du BUMIDOM mais sans passer par le BUMIDOM. C'est-à-dire que là ce sont des chiffres des gens qui sont parti·e·s avec le BUMIDOM et qui ont eu leur voyage payé. Toutefois, il y en a aussi qui sont parti·e·s pour les mêmes raisons sans que le BUMIDOM les enregistre dans leur registre. Donc deux-cent-soixante milles domien·ne·s. En 78 selon l'Insee, il y avait soixante-sept milles antillais·e·s et guyanais·e·s en France. Peu après, je dirais en 70, on parle de quatre-vingt-dix milles. En 69, cent-vingt-milles domiens. Ce sont des chiffres qui regroupent Guyane, Martinique, Guadeloupe et Réunion. À notre échelle c'est beaucoup lorsque j'entends des cent et des milles sachant que la moyenne c'est quoi trois-cent-milles personnes ? Nous, on est trois-cent-milles/quatre-cent-milles, en Martinique pareil.  À l'échelle de la France, est-ce assez pour un grand remplacement ?

M : C’est toujours la même paranoïa lorsque la majorité en place, la majorité sociale en place a peur que cette minorité la renversé. En même temps, il y a des raisons à cette peur parce que l’on veut te renverser... Enfin bref ! C’est vrai qu’au niveau des chiffres...Et puis surtout, je te laisse aussi aborder les chiffres des femmes parties et des raisons pour lesquelles elles partaient et à quoi elles étaient destinées. 

S : Comme on l'a dit un peu plus tôt, la réalité du BUMIDOM, c'était très loin de ce qui était promis. Il s’agissait d’emplois précaires et pour en donner le chiffre, je l'ai juste ici. En 76, 47,91% des femmes guadeloupéennes étaient officiellement destinées à la profession de bonne à tout faire, des bonnes sachant que normalement les formations qu’il leur auraient été promises et qu’elles devaient occuper étaient tout de même agentes hospitalière, agentes de collectivité, employées de bureaux, ouvrières spécialisées, employées de maison. Pourtant à la fin, elles sont plus près de 50% des femmes guadeloupéennes devenaient des bonnes. Elles occupaient le poste de bonnes. On voit très clairement une dichotomie entre promesse et réalité. C’est fou parce que je peux très bien entendre la promesse : « Oui, tu auras un travail dans un bureau. Tu auras ta petite maison. Tu auras bon salaire, tu seras bien. ». Alors que finalement tu arrives et tu es de nouveau dans le système de plantation sauf que tu as pris le bateau.

M : Et que t'es isolée.

S : Isolée exactement. Il y a beaucoup d'histoires d'antillais·e·s qui malheureusement ont succombé, qui se sont suicidé·e·s. Trigger Warning. Illes étaient très seul·e·s, illes étaient très précaires. C'était un cauchemar. Je ne sais pas si j'ose dire ça mais de ce que l’on a entendu avec Mélissa et moi c'était une réalité tout autre. Voilà, 50% des femmes guadeloupéennes étaient encore bonnes. C’est intéressant parce que l’on rigole souvent en disant qu'il y a beaucoup de noir·e·s en France qui sont dans les administrations de nos jours mais il faut encore une fois regarder l’histoire. Il y a une explication et l'explication vient de tout ça. On a sans cesse été relayé·e à ces postes-là. Ce n’est pas nous qui avons décemment choisi. On nous a d'abord menti et après on a été relégué·e à ces postes-là. Dans notre épisode sur le cinéma, tu sais, on parle de l'infirmière machin.

M : Oui ça été une réalité.

S : Voilà, c'est une réalité. Dans l'esprit de l'autre côté de l'Atlantique, dans l'esprit français, illes n’ont vu que des femmes noires dans ces postes-là.

M : Oui, la femme noire était la bonne.

S :  Qu’en secrétaire et infirmière.

M : La femme noire était plus la bonne. Et puis lorsque ta couleur de peau était un peu affichable.

S : Disons ça comme ça.

M : Tu avais accès vraiment au poste de secrétaire puisque tu incarnais l'image coloniale, par essence c’est-à-dire chabine, métisse, mulâtresse. Elles avaient accès à des postes où leur visage était recommandé. Ça insufflait les îles et cetera.

S : On est aussi dans l’ère décoloniale, dans la nouvelle France qui acceptent mais qui acceptent les métisses et les chabines. Et puis la doudou, on va la garder pour la maison, on va la garder pour les enfants.

M : Exact. Ce qui n’a pas été dit, ce qui n'a pas été dit par nous, je veux dire, c'est que ces femmes qui avant le BUMIDOM partaient et comme le précisait François Ega qui étaient achetées finalement par leurs employeurs·euses et que par la suite avec le BUMIDOM, il faut se rendre compte qu’à la fin, une bonne partie d'entre elles finissaient prostituée. Imagine. Tu es isolée, les moyens financiers ne te permettent pas de survivre littéralement.

S : Racisme, discrimination et fétichisme.

M : Exact. C'est ce que Françoise Ega à dénoncer, c'était la prostitution. La prostitution de ses compatriotes dans les années 50 et 60 mais aussi une prostitution organisée par ses mêmes compatriotes. Après et au travers du BUMIDOM, il faut savoir que lorsque les femmes arrivaient, elles étaient logées pendant une quinzaine de jours. Logées et éduquées dans des institutions. On leur apprenait l'alphabet. Il fallait tout simplement qu’elle apprenne à bien parler. Il y avait une institution à Crouy-sur-Ourcq. Il y avait aussi Saint-Cyr à moins que ce soit pour les hommes, celui-ci, il faudrait que je vérifie. En tout cas pour celui dont je parle Crouy-sur-Ourcq, Le rapport de l'association des étudiants, il y a un extrait du patriote guadeloupéen (journal) numéro 22 en date de février 1972 qui explique que le programme de l’institution comporte deux parties :  un ensemble de vagues notions théoriques d'hygiène, sécurité sociale, de cuisine, ce qu'il machine à laver, un téléphone, un frigidaire et cetera. Je rappelle que l’on est en 72. Puis l’adaptation à la vie métropolitaine. Ça, c'était la deuxième partie et ce cours consistait en l'acquisition de bonnes manières. Se tenir à table, servir et desservir une table, par exemple. Quoi qu'il arrive, et ce même si le BUMIDOM disait : « Oui, on va vous former. Vous allez être des secrétaires. Vous allez avoir une formation pour être finalement des personnes diplômées, qualifiées. ». Les programmes eux-mêmes, l'essence même des programmes n'étaient pas faits pour être chose qu’être une bonne. Et elles étaient choisis vis-à-vis de leur physique, de leur prestance ou encore de leurs accents. Il y avait certain·e employeur·euse qui aimait le fait que leur accent était prononcé parce que ça donnait un effet palmier et cocotier. L'accent était aussi soit un signe de...Comment dire ? Comment je pourrais dire ça ?

S : De connerie ? De stupidité ? De tébè ?

M : Voilà, de petit nègre. Suivant la fantaisie de l'employeur·euse vis-à-vis de cette image du petit nègre, il y en avait qui préférait l'accent et d'autre non. Voilà ! Françoise Ega en parle, le rapport de l’Association des étudiants guadeloupéen en parlent également. C'était présent. Il faut ajouter que cette population ne revenait jamais dans leur îles natales. Ces femmes ne revenaient jamais. À quel moment tu peux te permettre avec ton salaire de misère ? À quel moment ces femmes pouvaient se payer un billet de bateau, un billet d’avion ?

S : Ce sont des enfants qui, au final grandissent en France lorsque tu y penses. Tu prends quelqu'un·e de quatorze, quinze, seize, dix-sept même jusqu'à vingt ans mettons qui travaille cinq ans pour ces personnes, cinq, six, sept ans, il ne va pas se dire : « Demain, je rentre en Guadeloupe. » alors qu’il ne sait pas du tout à quoi ressemble la Guadeloupe. Cinq, six, sept ans et illes sont dans leur vingtaine, trentaine le retour au pays n’est pas nécessairement leur priorité. Ça ne leur est pas nécessairement accessible. Il existe une série qui, on peut critiquer autant que l’on veut, personnellement je n’ai pas apprécié mais, permet d’avoir le visuel de ce qu’était le BUMIDOM. C’est le Rêve français de Christian Faure, sortie en 2017. Oui, Christian Faure est un homme blanc français. Oui les accents ne sont pas bons.

M : Oui et le casting !

S : La géographie.

M : Il y a tellement d'antillais·e·s, pourquoi il n’a pas fait l’effort de caster les gens qui ont connu ça ou des personnes qui ont vécu ça ? 

S : Vraiment, on peut critiquer ! On n'est pas là pour faire la promotion de cette affaire-là. Ce qui est intéressant, c'est de voir visuellement ce à quoi ressemblait le BUMIDOM, c’est-à-dire ce dont vient de parler Mélissa : Des femmes blanches ou des personnes blanc·hes, en tout cas, choisir des femmes racisées pour leur physique, pour leur accent, pour ci pour ça. De voir visuellement quel était la réalité de ces gens-là. Je trouve que c'est intéressant. Puis il y a une autre bande dessinée créée par deux femmes qui s’appelle Péyi an nou. C’est une bande dessinée documentaire et la couverture est très belle. On va la mettre dans notre bibliothèque. J'ai trouvé la couverture très parlante. Il parle du BUMIDOM et de comment ça a été vécu aux Antilles mais aussi en hexagone puisqu'on dit plus Métropole. On parle de plus en plus de BUMIDOM, et je trouve ça...

M : Nécessaire.

S : C'est ça. Je pense que ça a été tabou parce que ça a blessé.  C'est une blessure de voir que l’on se fait voler notre jeunesse. Je veux dire lorsqu’en 68 illes écrivent déjà « À bas l'impérialisme français et ses valets ! » c’est parlant ! Il y a un ressenti assez fort et il y a une conscience de tout ça. On est en 72 et on apprend aux gens à utiliser des machines à laver. Lorsque l’on parle des années 70, on...

M : Moi je ne visualise pas du tout ça !

S : Pas ça hein ! Tu vois le twist, les dancefloor, les musiques et le disco. On omet toute cette réalité des personnes racisé·es, des personnes antillais·ses qui étaient volé·es. La jeunesse en tout cas, qui était volée. Et il ne faut jamais oublier que toutes ces choses-là s'inscrivent dans un schéma qui est beaucoup plus large, dans des politiques qui sont beaucoup plus larges, des politiques migratoires du gouvernement français qui sont toujours très occupés à nous dépeupler et à nous dégoûter de nos îles, à nous voler nos ressources pour nous appauvrir intellectuellement, économiquement. Pour ensuite nous villainiser et nous transformer en vilain et en démon une fois que l’on traverse l'Atlantique et entretenir cette peur par des Houellebecq et des machins.

M : Oui, le commando raciste.

S : Exact. Illes nourrissent ce racisme en France et illes nous font nous détester nous-mêmes. Et l'une des conséquence, l'un des impacts de ce BUMIDOM, et il y en a eu beaucoup, c'est l'apparition de cette nouvelle population, de cette nouvelle catégorie sociale que sont les négropolitain·e·s. Les gens n'aiment pas le terme malheureusement ça demeure toujours une catégorie. Les négropolitain·e·s, est-ce que tu peux le définir ? Je pense mieux que moi.

M : Les négropolitain·e·s est un terme apparu finalement très vite durant et après le BUMIDOM. La première génération de négropolitain·e·s sont véritablement tous·tes ces antillais·e·s, guyanais·e·s et réunionnais·e·s parti·e·s en France et qui ne sont jamais revenu·e·s. Et s’illes revenaient, illes avaient très souvent une approche très critique de leur île notamment lorsqu'illes étaient surpris·e·s du fait que la Guadeloupe, la Martinique et j'en passe soit toujours dans un « état de sauvagerie » et posaient le fait qu’illes avaient des attentes comme les métropolitain·e·s envers leurs îles d'origine. La deuxième génération sont des personnes qui sont né·es en France de parents Antillano-guyanais·e·s et réunionais·e·s qui rendent visite également dans les îles d'origine de leurs parents mais pour qui les personnes sur place vont voir la différence dans leur comportement. D'ailleurs, je pense que c'est de là où a commencé les termes comme « bounty » puisque ça a bien marqué le fait que ces guadeloupéen·ne·s qui “pensent” comme des français·e·s c’est-à-dire comme des blanc·he·s.  Finalement la catégorie sociale des négropolitain·e·s est la conséquence de la migration d'une population qui n'est jamais revenue dans leur île d'origine, qui sont resté·e·s en France et dont on dit toujours antillais d'origine. C'est intéressant.

S : Quelle est la réalité de ces négropolitain·e·s, de ces personnes qui naissent en hexagone, de parents originaires d'ici ? Il existe des cas comme tu l’as dit de personnes qui retournent toutefois il y en aussi qui n’ont pas eu cette chance. Ou ce choix ou encore qui n’ont pas eu cette envie. Illes doivent tout de même vivre avec des origines avec lesquels illes ne sont pas nécessairement en contact.

M : Ça va être un sujet que l’on va pouvoir décortiquer puisque l’on entend depuis que l’on est petite. Pouvoir discuter et parler de l'identité. Qu'est-ce que ça veut dire d'être d'origine ? Rien que nous, qu'est-ce que ça veut dire d'être origine guadeloupéenne lorsque devrait être « française » ? 

S : Exactement et ça c’est un impact du BUMIDOM même si ce sont des générations futures. Je pense que l’on va aussi et peut-être rapidement parler de LADOM ? Ou bien ce serait intéressant s’il y a des gens qui nous écoutent et qui sont passés par LADOM ou qui connaissent des personnes, de savoir quelle est votre ou leur ressenti par rapport à tout ça ? Est-ce qu’illes connaissent le BUMIDOM et est-ce qu’illes y voit des ressemblances avec LADOM ? Est-ce qu'illes ne sont pas d'accord ? Est-ce c’est que quelque chose de nouveau, quelque chose de différent ? Moi j'ai dit que ça me choquait mais je ne juge pas les gens qui ont un avis différent. Je comprends comme on l’a dit avec Mélissa, on comprend que ça a créé des opportunités. On ne veut absolument pas renier ou critiquer les choix individuels. Ce que l’on critique ce sont les politiques migratoires et les décisions gouvernementales qui font en sorte que l’on arrive à ces résultats mais surtout pas les gens qui ont profité de ces opportunités. Il y a des gens qui, comme j'ai dit à Mélissa, sont parti·es, se sont marié·es, ont eu des familles ont vécu des moments et de bons moments. Ce n’est pas du tout eux que l’on critique. C'est l'État français, c'est la mère patrie, voilà.

 

 

Ressources supplémentaires :

  • Article :La traite silencieuse, 50 000 réunionais en France 

  • Fred Constant : La politique française de l'immigration antillaise de 1946 à 1987

  • Jessica Oublié : Péyi an nou

  • Stéphanie Condon : Travail et genre dans l'histoire des migrations antillaises 

  • Sylvain Pattieu : Un traitement spécifiaue des migrations d'outre-mer : le Bumidom

  • Antoine Léonard-Maestrati : L'Avenir est ailleurs  

  • Jackie Bastide : Le Bumidom des français venus d'Outre-Mer 

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Le militantisme décolonial